Une révision de l’élevage pour mieux protéger nos sols
Une nouvelle loi européenne sur la santé des sols interroge
Bruxelles/Vienne, 5 juillet 2023 - La Commission européenne a adopté aujourd'hui une proposition visant à créer un cadre de surveillance pour la protection des sols afin de mettre un terme à la dégradation par l'agriculture intensive et réduire les effets de la crise climatique.
Ces propositions font suite à l'énorme tempête politique qui s'est abattue le mois dernier sur les lois environnementales de l'UE et qui a divisé les groupes politiques de l'UE et les États membres.
QUATRE PATTES, l'organisation mondiale de protection des animaux, se réjouit de la proposition, mais a souligné qu'elle n'était pas assez ambitieuse, en particulier sur la question de l'élevage.
" L'élevage industriel étant la principale source de pollution de l'eau, il est aussi au cœur de la détérioration des sols. Il est essentiel de s'attaquer au problème du nombre excessif d'animaux d'élevage et d'y remédier afin de protéger et de restaurer nos sols pour le bien de l'environnement, de l'écosystème et de l'économie. "
La santé des sols joue un rôle essentiel dans la protection de la biodiversité, l'atténuation du changement climatique et la production alimentaire (dont 95 % dépendent des sols) : environ 70 % des écosystèmes des sols de l'Union européenne sont dans un état catastrophique.
La proposition de la Commission vise à " reconstituer des sols sains d'ici 2050 ", mais cet objectif est atteignable que par la mise en place d'un système de surveillance. Les sols doivent bénéficier des mêmes protections que l'air et l'eau. Cet objectif ne peut être atteint qu'en adoptant une loi déterminée sur la santé des sols, comme le propose la stratégie européenne pour les sols à l'horizon 2030, avec des objectifs de limitation pour les trois prochaines décennies.
L'élevage industriel contribue à la dégradation des sols de nombreuses manières.
80 % de l'acidification des sols de l'UE causée par l'agriculture est due à l'élevage. Celui-ci entraîne souvent une pollution excessive par le fumier ainsi qu’un surpâturage dû au nombre excessif d'animaux dans une même exploitation, détruisant la capacité du sol à stocker le carbone.
Le fait d’avoir autant de volailles au sein des élevages industriels multiplie les risques de circulation et de développement des maladies aviaires. Afin de limiter la transmission entre les structures, il est nécessaire de réduire le nombre d’animaux dans les élevages industriels. La décentralisation de la production (y compris de l'abattage) est un autre élément essentiel pour limiter les problématiques liées au bien-être animal mais surtout pour éviter la propagation des maladies. Il ne devrait pas y avoir d'élevages de volailles à proximité des lieux de repos naturels des oiseaux migrateurs car le risque de contact inter-espèces et de transmission virale y est particulièrement élevé.
M. Aylmer conclut : " Nous demandons maintenant aux décideurs politiques du Parlement européen et du Conseil de donner à cette proposition la force dont elle a besoin en incluant des objectifs et des dispositions de limitation s'attaquant aux méthodes d'élevage non durables. Il s'agirait spécifiquement de permettre une réduction du nombre excessif d’animaux d’élevage dans l'UE ainsi que de garantir des normes de bien-être animal adaptées aux espèces. "
CONTEXTE
La proposition de loi de la Commission européenne relative à la surveillance sanitaire des sols : Proposal for a Directive on Soil Monitoring and Resilience (europa.eu)