L'hypertype et les pathologies génétiques
Quand l'apparence prime sur la santé et le bien-être de nos animaux de compagnie
Carlin, Bouledogue français, Berger australien, Chow-Chow ou encore Cavalier King Charles, ces races de chien sont très populaires. Leurs grands yeux ronds, leur museau court ou leur peau plissée ont conquis le cœur de nombreux français mais ces critères de " beauté " ont pourtant de terribles conséquences sur la santé de ces animaux, leur causant d'atroces souffrances.
Rigoureusement choisis pour accentuer ces caractères physiques si particuliers, la sélection de ces individus a également entraîné de nombreux problèmes de santé dont la majorité des reproducteurs sont porteurs aujourd'hui.
L'élevage de chiens a été, et est encore, principalement axé sur la modification de l'apparence des animaux. Aujourd'hui, très peu de races ressemblent à leur ancêtre le loup.
Sélection et pathologies génétiques
Une progéniture hérite des caractéristiques physiques et de certains comportements inhérents à la race dont il est issu par transmission génétique. Il s'agit d'un processus naturel qui contribue à l'évolution de l'espèce. L'Homme a appris à " influencer " l'évolution grâce à la reproduction sélective, ce qui donne la variété de races que nous connaissons aujourd'hui. Ce processus implique la sélection et l'élevage d'animaux présentant des caractéristiques voulues, ce qui conduit à une descendance qui hérite des mêmes traits. Cependant, la reproduction sélective poussée à l'extrême répondant à une demande peut conduire au développement de pathologies génétiques. De nombreuses races de chiens souffrent aujourd'hui de graves problèmes de santé dus à des caractéristiques physiques exacerbées.
Une pathologie génétique est causée par une " anomalie " dans le génome d'un individu. Pour transmettre ces caractéristiques à la génération suivante, il est courant d'avoir recours à la consanguinité, ou pire encore, de continuer à faire reproduire des animaux déjà atteints de pathologies génétiques.
Plus de 200 ans de sélection
Les chiens ont évolué à partir de la domestication des loups. Bien que cela ne soit pas encore clair, il est dit que les premiers humains étaient accompagnés d'une " race " de chien du Paléolithique. Depuis le début de l'élevage sélectif, l'apparence des races a été modifiée et de nombreuses autres ont été créées. En comparant des photographies historiques et contemporaines de chiens, la sélection des caractéristiques extrêmes devient apparente. Par exemple, les carlins ont le nez plus court, le teckel a un corps plus long, le Saint-Bernard est devenu bien plus imposant et le berger allemand a maintenant un dos incliné.
Depuis des siècles, différents types de chiens ont été élevés à des fins différentes : pour le travail, le sport ou simplement pour la compagnie. Dans les années 1800, en Grande-Bretagne, l'élevage sélectif a commencé à être pratiqué un élevage en se concentrant sur la morphologie, le gabarit, le pelage et la couleur, et le terme " race " est apparu pour la première fois.
Le développement des expositions canines a encore accentué l'importance des races et de leur apparence. Les premières expositions de chiens de race ont eu lieu au milieu du XIXe siècle. Dès les premières expositions, les éleveurs ont souhaité se démarquer des autres en diversifiant et modifiant l'apparence des races. Les critères de races étant très floues à l'époque, les chiens remportaient les concours de beauté grâce aux particularités physiques qui retenaient l'attention des juges. Les standards des races ont évolué au fil du temps.
Aujourd'hui, les caractéristiques de la race sont prescrites dans les moindres détails, décrivant ce que doivent être les caractéristiques de la race pure.
Races de chiens concernées
Il existe actuellement 356 races de chiens reconnues par la FCI (Fédération Cynologique Internationale), l'organisation qui supervise l'élevage canin dans le monde entier. Au total, 757 pathologies génétiques ont été décrites chez les chiens¹. Une étude portant sur les 50 races de chiens les plus populaires au Royaume-Uni, par exemple, a révélé que chacune des races étudiées présentait au moins une pathologie génétique, les Labrador Retrievers pouvant développer jusqu'à 50 maladies héréditaires².
L'élevage sélectif et les problèmes qui en découlent sont très préoccupants. Le bien-être et la santé des chiens devrait être la priorité de l'élevage, et non l'apparence de l'animal.
Source
2) https://www.researchgate.net/publication/38018172_Inherited_defects_in_pedigree_dogs_Part_1_Disorders_related_to_breed_standards