Un tourisme barbare au cœur de l'europe
QUATRE PATTES révèle l'exploitation d'animaux sauvages à des fins de divertissement en Allemagne, en Espagne, en France et en République tchèque
6.9.2019 - Alors que le tourisme animalier en Asie est largement dénoncé dans les médias, la maltraitance impitoyable des animaux sauvages en Europe est passée au travers du radar. Les enquêtes menées par l'organisation mondiale de protection des animaux QUATRE PATTES révèlent les traitements inhumains et les souffrances des animaux au sein d’attractions touristiques en Allemagne, en Espagne, en France et en République tchèque. Les images obtenues par QUATRE PATTES montrent des éléphants, des tigres, des loups et des ours forcés à exécuter des tours, d'avoir des contacts physiques avec les visiteurs pendant de longues périodes et dans certains cas à « jouer » à poursuivre les visiteurs (https://youtu.be/u3-DeUEwfNw).
Ces conditions de vie et ces spectacles forcés n’ont rien à voir avec la vie que ces animaux mèneraient dans la nature et leurs besoins naturels ne sont donc tout simplement pas satisfaits. En conséquence, de nombreux animaux subissent des dommages psychologiques et physiques. "Il est inacceptable qu'au XXIe siècle, il soit légal en Europe de maltraiter des animaux sauvages à des fins de divertissement. Ces attractions touristiques impitoyables ne sont pas seulement des exemples de cruauté envers les animaux, elles alimentent également l'élevage commercial non réglementé qui peut contribuer au commerce illégal d'espèces sauvages. Qu'advient-il des animaux lorsqu'ils sont trop vieux ou malades pour être exploités ou lorsque les petits sont trop âgés pour être caressés ? Nous demandons aux touristes, à l'industrie du tourisme et au public de mettre fin à ces pratiques avec les animaux sauvages et de dénoncer leurs souffrances", déclare Kieran Harkin, Responsable international des campagnes sur les animaux sauvages à QUATRE PATTES.
Balades à dos d'éléphant en Allemagne
Pour cinq euros seulement, les visiteurs peuvent monter à dos d'éléphant en Allemagne. Ceux qui souhaitent dépenser davantage peuvent passer une heure avec un éléphant pour 180 euros. L'animal peut être monté, nourri, lavé et promené. Si les éléphants ne sont pas réservés pour ces activités, ils exécutent alors des tours sur la piste du cirque. Ils doivent s'asseoir sur de minuscules chaises, jouer au football, se tenir sur une patte ou se faire marcher dessus par un dresseur. Des recherches plus approfondies sur le lieu révèlent que les éléphants sont exploités tout au long de l’année, même en hiver où les animaux doivent tirer des luges ou sont forcés à jouer des matchs de football.
"Les éléphants sont des animaux très intelligents vivant en groupe, qui migrent et occupent de vastes étendues de terre. Il est extrêmement cruel de les maintenir enfermés dans des espaces minuscules et de les exploiter à des fins commerciales. Malheureusement, il est bien connu que des méthodes de dressage barbares sont généralement utilisées pour les rendre dociles. Le manque de mouvement en captivité peut entraîner des problèmes d'articulation ou de dos, en plus d'une extrême détresse psychologique. Il est souvent mal compris que les animaux sauvages ne s'adaptent pas à la présence de l'homme, mais qu'ils y sont contraints par la violence", déclare M. Harkin.
Promenade de la tigresse Noa en Espagne
Près de Madrid, la capitale espagnole, la tigresse Noa est détenue avec plus de 100 autres animaux, qui sont exploités à des fins de productions cinématographiques. Si les animaux ne travaillent pas sur les plateaux de tournage, ils sont à la disposition des visiteurs pour des interactions et des photos. L'attraction principale est la tigresse Noa : pour 150 euros, les touristes peuvent promener Noa en laisse pendant une heure, la caresser et prendre des selfies.
"Les images que nous avons obtenues montrent le tigre s'en prenant à un visiteur tout en jouant à le poursuivre – c’est un comportement attendu de la part d'un tigre, mais qui rend les interactions extrêmement dangereuses pour les humains. Heureusement, l'homme s'en est seulement tiré avec quelques égratignures. Après tout, Noa est une prédatrice d'environ 300 kilos, aux dents et aux griffes acérées. Ces instincts naturels ne peuvent être réprimés, même lorsque les animaux sont élevés en captivité. Il ne reste que 3 900 tigres à l'état sauvage et il est inquiétant de constater la manière dont ces félins sont encore traités comme des marchandises dans toute l'Europe (qui est d’ailleurs étroitement liée commerce illégal de tigres)", explique M. Harkin.
Des loups et des ours aux fêtes médiévales en France
À la fête médiévale de Watten, dans le nord de la France, deux loups et un ours constituent les attractions principales. Pour deux euros seulement, les visiteurs peuvent regarder les loups sauter à travers des cerceaux et se tenir en équilibre sur des barres étroites. L'ours amuse tristement les touristes en glissant, en dansant et en mangeant des fruits sur une brochette. "Les dresseurs insistent sur le fait que les ours s'amusent pendant le spectacle, mais la réalité est bien différente. Les loups sont squelettiques et semblent stressés, tandis que l'ours est visiblement mal à l'aise avec la laisse et la muselière. Entre et après les représentations, les animaux sauvages sont enfermés dans de minuscules remorques. Aucun des besoins naturels des ours ou des loups n'est pris en compte lorsqu'ils sont confinés et traités de cette manière", déclare M. Harkin. L'enquête a également porté sur les zoos proposant des spectacles d'animaux sauvages. L'un d'entre eux, également situé en France, met en scène un dompteur d'animaux seul dans la cage avec une dizaine de tigres. "Ironiquement, une vidéo diffusée avant le spectacle souligne l'importance de la conservation des tigres. La commercialisation et l'exploitation de ces animaux n'ont rien à voir avec la conservation des tigres sauvages, bien au contraire", ajoute M. Harkin.
Un ours contraint à faire du skateboard en République Tchèque
Des enquêtes menées en République Tchèque ont révélé d'autres atrocités subies par les animaux sauvages dans des spectacles. Dans un cirque, un ours brun fut forcé d'exécuter des acrobaties, comme faire du skateboard ou danser avec un hula hoop, alors qu'il semblait visiblement faible et en souffrance. Des spectacles avec des lions, des zèbres et des éléphants ont également été présentés à des foules enthousiastes qui semblaient ignorer complètement les mauvaises conditions physiques des animaux.
QUATRE PATTES demande aux touristes d'éviter de soutenir la maltraitance des animaux
En attendant que des lois plus strictes ne soient mises en œuvre pour protéger les animaux sauvages en Europe, QUATRE PATTES demande aux touristes d'être plus prudents. S'ils remarquent des organisateurs de voyages, des attractions ou des organisations commettant une violation des droits des animaux, nous leur demandons de le signaler immédiatement en envoyant un courriel à wildlife-tourism@four-paws.org