Des cochons d'élevage

Plan de " Reconquête de l'élevage "

Marc Fesneau incite à une régression du bien-être des animaux 

29.2.2024

Paris, le 29 février 2024 - Le Ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, a publié le 25 février un " plan gouvernemental de reconquête de notre souveraineté sur l’élevage ". Certaines des mesures constituent d’inquiétants retour en arrière, comme la volonté de faciliter l’implantation d’élevage intensifs ou encore celle d’inciter à la consommation de viande. Le bien-être animal ne doit pourtant pas être vu comme un obstacle, mais au contraire comme une réponse à la sortie de crise.  

Un plan inquiétant de " reconquête " de l’élevage

En marge du Salon de l’Agriculture, le plan de " reconquête " de l’élevage constitue pour le gouvernement une réponse aux manifestations des agriculteurs et agricultrices. La préparation d’un tel plan avait en effet été l’une des principales revendications des syndicats du secteur comme la FNSEA. QUATRE PATTES considère qu’il est essentiel de fixer un cap clair pour le futur de l’élevage, le statu quo étant intenable tant pour les animaux que les humains. Toutefois, plutôt que de proposer une transition vers un modèle plus durable, certaines des mesures de ce plan sont susceptibles de porter de graves atteintes au bien-être des animaux.  

Il y est écrit noir sur blanc que " la réduction de la taille de notre cheptel d’élevage en France n’a jamais constitué et ne saurait constituer un objectif de politique publique. " Une affirmation à rebours des objectifs fixés par le gouvernement lui-même dans sa Stratégie nationale bas-carbone (SNBC) qui prévoit une réduction de 25 % du cheptel bovin laitier et de 33 % du cheptel bovin autre que laitier, ainsi que des recommandations de la Cour des comptes qui appelait l’État à définir une stratégie de réduction du cheptel bovin, dans un rapport publié en mai dernier. Pour atteindre les objectifs climatiques de la France sans réduire le cheptel, le gouvernement parie sur des solutions techniques, alors que la transition de modèle est aujourd’hui un impératif.  

Le gouvernement entend également faciliter les procédures administratives pour les bâtiments d’élevage intensif. Il souhaite notamment accélérer les procédures d’installation de nouveaux élevages en réduisant les délais de contentieux. Des mesures inquiétantes, d’autant plus que le Ministre Marc Fesneau s’est exprimé à Bruxelles contre l’évolution de la directive européenne relatives aux émissions industrielles (IED), afin de garder le statu quo sur les volailles et porcs. Ces mesures sont un passe-droit pour l’élevage intensif, qui impacteront des centaines de millions d’animaux tout en concernant seulement un petit nombre d’éleveurs et éleveuses : En France, 3% des fermes, les plus industrielles déclarées sous le régime d’autorisation des installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE), concentrent 60% des animaux1

Enfin, le plan appelle à ne pas " stigmatiser " la consommation de viande et vise à améliorer l’image de cette industrie. Dans son communiqué de presse, le gouvernement indique en effet qu’il s’attachera à " combattre les attaques injustifiées menées à l'encontre de l'élevage ". En ce sens, un décret a été pris le 27 février pour interdire les dénominations de steaks, jambons et autres nuggets végétaux. La France n’en est pas à son coup d’essai : un décret similaire, publié en juin 2022, avait été suspendu un mois plus tard par le Conseil d’Etat. Là encore, ces prises de positions sont à rebours des dernières données scientifiques. Dans son rapport sur l’agriculture publié en janvier 2024, le Haut Conseil pour le Climat (HCC) rappelle que, pour réduire de moitié les émissions agricoles, une diminution de la consommation de produits animaux d’au moins 30% est nécessaire d'ici 2050.  

Le bien-être animal comme sortie de crise 

Le plan de " reconquête " de l’élevage laisse craindre le pire. Les prises de position du gouvernement favorisent en effet un élevage intensif avec pour objectif d’augmenter la production, y compris pour les exportations. Une grave erreur selon QUATRE PATTES, pour qui un changement de modèle vers un plus grand respect du bien-être animal n’est pas un frein mais au contraire une solution pour s’attaquer aux causes profondes du malaise agricole.  

La réduction du cheptel est un impératif pour lutter contre la crise climatique et assurer un modèle plus respectueux du bien-être animal. QUATRE PATTES ne souhaite néanmoins pas se contenter d’une réduction non planifiée qui touche en premier lieu des élevages souvent plus respectueux du bien-être animal. Pour cette raison, plutôt qu’un plan de court terme, il est nécessaire de fixer un cap pour l’élevage, incluant la sortie de l’élevage intensif et des objectifs forts de réduction de la consommation de viande, selon le principe des 3 R (Réduire, Raffiner, Remplacer).  

Il est possible d’engager dès maintenant des changements. Avec 27 autres ONG, nous portons un manifeste à l’attention des candidats et candidates aux élections européennes comportant des mesures très concrètes, demandées de toute urgence par les agriculteurs et agricultrices : réforme de la Politique Agricole Commune pour favoriser les fermes les plus respectueuses du bien-être animal, normes plus strictes pour les produits d’origine animale importés afin de lutter contre la concurrence déloyale de la part des pays tiers… Ensemble, nous pouvons pallier les problèmes réellement urgents et engager la nécessaire réflexion de long terme pour créer un modèle reposant sur la protection de l’environnement et du bien-être des animaux.  

Source

1. Greenpeace, Fermes-usines : stop à l’élevage industriel, mai 2023. 
À consulter sur : 
https://www.greenpeace.fr/fermes-usines-stop-a-lelevage-industriel/  
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