Les truies reproductrices sont traitées comme des machines à procréer. Leur vie est un cycle ininterrompu d'insémination artificielle, de gestation, de mise bas, d'allaitement, puis de nouvelle insémination. Une truie peut être enceinte deux ou même trois fois par an, la gestation durant environ 114 jours, suivie de 3 à 5 semaines d'allaitement³. Conformément à la législation européenne, dans l'UE, la plupart des porcelets sont sevrés à l'âge de 21 ou 28 jours, dans les élevages conventionnels. Pour les élevages biologique, la législation européenne prévoit un âge minimum de sevrage d'au moins 40 jours.

Certaines exploitations en dehors de l'UE pratiquent le sevrage précoce des porcelets, n'autorisant que 10 jours d'allaitement⁴. Le sevrage avant 40 jours ne permet pas que le système immunitaire des porcelets soit pas complètement établi. Le lien idéal entre la mère et l'enfant ne peut être établi que si la truie n'a pas plus de porcelets que de trayons, ce qui n'est souvent pas le cas dans les races modernes qui sont élevées pour produire autant de porcelets que possible, plus que la truie ne peut en prendre soin. Cela conduit à un nombre élevé de porcelets de poids insuffisant qui sont généralement tués à la ferme.

Les jeunes femelles sont inséminées pour la première fois vers l'âge de cinq à sept mois. Pour ce faire, elle est enfermée dans une caisse dans le "centre d'élevage". Les chaleurs (phase de réceptivité) sont provoquées par l'injection d'hormones ou, plus naturellement, par la proximité des phéromones du verrat. De cette façon, la truie peut être inséminée artificiellement à un moment précis qui convient à la gestion de l'exploitation. En général, les éleveurs souhaitent synchroniser tout un groupe de truies, afin de pouvoir les déplacer toutes dans un compartiment différent au cours de leur cycle de rotation et d'occuper uniformément toutes les étapes de la production. Une fois les truies inséminées, elles sont généralement placées dans des stalles de gestation individuelles, où elles restent pendant au moins quatre à cinq semaines, soi-disant pour protéger la gestation. Il s'agit en réalité avant tout de rentabilité et d'un mode de production irréfléchi. Une fois les semaines d'isolement passées, elles sont relâchées dans le groupe, jusqu'à une semaine avant le début de la mise bas.

La truie est ensuite amenée dans la cage de mise bas environ une semaine avant la date de naissance prévue. Elle y est enfermée dans une cage métallique pendant environ 5 semaines où elle donne naissance à environ 10 à 20 porcelets, qu'elle allaite pendant environ trois à quatre semaines dans la plupart des exploitations, voire moins si l'exploitation pratique le sevrage précoce. Dans un environnement naturel, une semaine après la mise bas, la truie commence à introduire ses porcelets dans le groupe, puis les allaite pendant environ 15 semaines, tout en se socialisant avec le troupeau le reste du temps.

Les barreaux de la cage de mise bas séparent la mère de ses porcelets. Les porcelets peuvent atteindre les trayons de la mère sous les barreaux, mais la mère ne peut pas avoir de contact affectueux avec ses porcelets. Une fois les porcelets sevrés, la truie est généralement renvoyée presque immédiatement au centre d'élevage et de nouveau dans la cage d'insémination. Ce n'est que pendant sa grossesse qu'elle est maintenue dans le groupe avec d'autres truies (enceintes) pendant quelques semaines.

Une truie suit ce cycle de production jusqu'à ce qu'elle n'atteigne plus les "performances de reproduction" souhaitées, à savoir une moyenne d'environ 30 porcelets par an. Elle est alors abattue. La plupart des truies ne survivent à ce cycle que quelques années. L'espérance de vie naturelle des porcs serait bien plus élevée.

De nombreux pays européens ont déjà interdit certaines cages, parfois dans la zone d'insémination (par exemple, le Royaume-Uni), parfois dans la zone de mise bas, et parfois même les deux. Par exemple, la Suède et la Norvège ont interdit les deux, des études suédoises ayant montré que la perte de porcelets n'est pas plus élevée dans les parcs de mise bas sans cage.

En Suisse, la cage de mise bas est interdite depuis un certain temps. En 1977, une interdiction des caisses de mise bas a été décidée, et en 2007, les périodes de transition ont expiré. En Suisse, les truies ne peuvent pas être détenues dans des caisses de mise bas, mais elles peuvent encore être détenues dans des caisses de gestation pendant dix jours au maximum.

L'Autriche a également déjà interdit la mise en cage des truies en 2013, mais avec une période de transition de 20 ans. À l'heure actuelle, les truies reproductrices peuvent être maintenues dans des cages pendant un maximum de 206 jours par an. Toutefois, dans les étables nouvellement construites, ou adaptées, les porcs peuvent être maintenus dans des caisses pendant un maximum de dix jours.

En Allemagne, les truies peuvent être maintenues en cage pendant environ 10 semaines d'affilée, et ce plusieurs fois par an. Une semaine avant la date prévue de la mise bas, pendant la naissance et pendant toute la période d'allaitement jusqu'à quatre semaines après la prochaine insémination. La législation allemande a été modifiée en 2020. Depuis 1988, la législation allemande stipule que les porcs couchés sur le côté doivent pouvoir étirer leurs membres librement, mais cette disposition a été ignorée pendant des décennies. En 2015, une décision de justice a reconnu que les caisses à truies utilisées étaient illégales. Au lieu de veiller à ce que la législation soit enfin respectée et que les étables soient enfin aménagées pour le bien des animaux, le ministère de l'Agriculture avait veillé à ce que le paragraphe décisif exigeant l'étirement des membres soit supprimé du règlement. Ainsi, il est encore permis de garder les truies dans des caisses de gestation jusqu'en 2030 et dans des caisses de mise bas jusqu'en 2037.

L'utilisation de cages est globalement la norme dans la plupart des pays. En raison des inquiétudes du public, certains systèmes de mise bas en groupe à l'intérieur ont été mis au point, mais ils ne sont pas utilisés de manière significative dans la pratique commerciale et la plupart des truies restent confinées à la cage pendant la majeure partie de leur vie⁵. 

Comme de plus en plus de personnes prennent conscience de la cruauté des caisses de mise bas, le public a fait pression sur de nombreuses entreprises alimentaires à travers le monde pour qu'elles fassent reculer l’utilisation des caisses de mise bas utilisées pour la production de leur viande. Entre 2012 et 2015, plus de 200 entreprises alimentaires, dont des chaînes de restaurants comme McDonald's, Burger King et Wendy's, ont cédé à la demande des consommateurs en faveur d'une production plus respectueuse du bien-être animal⁶. La plupart de ces entreprises prévoient d'atteindre leur objectif de production sans caisses d'ici 2022, et certaines tiennent déjà leur promesse dans leurs filiales européennes⁷.