De nombreux producteurs de laine australiens élèvent des moutons avec une peau anormalement plissée, appelés " moutons ridés ". Ceux-ci possèdent une plus grande surface de peau pour produire plus de laine. Cependant, l’excès de plis sur leur peau, combiné au climat chaud et humide de l'Australie, rend les moutons ridés extrêmement vulnérables à la myiase – une infestation cutanée due aux larves des mouches à viande. Les mouches vont en effet venir pondre leurs œufs dans les plis de la peau des moutons, qui leur offrent un environnement idéal pour leur reproduction, en particulier dans les zones de l’arrière-train qui retiennent les matières fécales et l’humidité. 

Pour essayer de prévenir la myiase, de nombreux éleveurs ont recours à la méthode cruelle et dépassée de la mutilation des agneaux (ou mulesing). C'est l'une des mutilations les plus douloureuses et invasives pratiquées sur les animaux d’élevage. Les agneaux, généralement âgés de 2 à 12 semaines, sont immobilisés sur le dos dans un dispositif métallique, ressemblant à un berceau. Les éleveurs ou employés agricoles vont alors découper de grandes pièces de peau et de chair au niveau de leur arrière-train à l'aide de cisailles tranchantes. Cette mutilation traumatisante est généralement pratiquée sans anesthésie, les jeunes agneaux ressentent donc chacune des coupures qui leur sont infligées. La douleur atroce peut durer plusieurs jours, avec une plaie laissée à vif qui met des semaines à cicatriser. 

La mutilation des agneaux est pratiquée sur plus de 10 millions d'agneaux mérinos chaque année – soit environ 19 agneaux par minute ! L'Australie est le seul pays dans le monde à encore autoriser cette pratique cruelle.  

Cette mutilation est l’une des plus douloureuses et invasive pratiquée sur les animaux d’élevage, à l’origine d’une douleur aiguë qui peut persister pendant des jours. Les animaux restent conscients alors qu’ils se font mutiler. Ils ne reçoivent généralement aucune anesthésie, ce qui signifie que les jeunes agneaux ressentent chaque coupure infligée. Même si des analgésiques peuvent être administrés après la procédure, ils ne prennent en charge que partiellement la douleur une fois la mutilation passée. Découvrez ici pourquoi l’anesthésie et l’analgésie ne sont pas des solutions à long terme. 

Oui, la " mutilation des agneaux " et le " mulesing " désignent la même pratique. Le terme de « mutilation des agneaux » a été préféré par les ONG de protection animale à celui de " mulesing ", car ce dernier n’est pas suffisamment descriptif et ne permet pas d’appréhendée la cruauté inhérente à cette pratique. De plus, le terme de " mulesing " est difficile à épeler, prononcer et mémoriser, ce qui freine les efforts de sensibilisation autour de cette pratique encore trop peu connue. 

Pour une plus grande compréhension du public, les experts du bien-être animal ce sont mis d’accord pour adopter un terme plus clair : " la mutilation des agneaux ".  

Ce ne sont pas seulement de mots – il s'agit de reconnaître la cruauté impliquée dans la production d’une grande partie de la laine à travers le monde et de plaider pour en finir avec cette pratique cruelle et archaïque. QUATRE PATTES encourage ainsi l'adoption du terme de "mutilation des agneaux" pour assurer transparence et clarté. En savoir plus sur le nouveau terme ici. 

Environ 80 % de la laine mérinos utilisée dans les vêtements à travers le monde provient d'Australie, ce qui fait de l’Australie le principal producteur et exportateur de laine dans le monde. Malgré les efforts pour mettre fin à la pratique cruelle de la mutilation des agneaux, les derniers chiffres montrent que seulement 20 % de la laine australienne provient d’agneaux qui n’ont pas subis cette mutilation. Cela signifie que la laine mérinos utilisée dans nos vêtements, ou ceux de nos proches, a environ 60 % de chances de provenir de moutons ayant subi cette mutilation. Ce problème n’est donc pas cantonné à l’Australie – c'est un enjeu mondial. 

Des milliers de producteurs de laine australiens ont arrêté de pratiquer la mutilation des agneaux. Ils ont fait le choix d’élever des races de moutons mérinos naturellement résistantes à la myiase, appelés " moutons lisses " ou " à corps plat ", car ceux-ci ne présentent pas les excès de plis de peau des " moutons ridés ".  

Cette sélection de races naturellement résistantes à la myiase, combinée aux bonnes pratiques d’élevage, a prouvé son efficacité et sa viabilité pour protéger les moutons (sur tout leur corps et pas seulement leur arrière-train). Elle est appliquée par certains éleveurs depuis des décennies ! Les producteurs de laine eux-mêmes témoignent que la transition vers des moutons résistants à la myiase présentent de nombreux avantages, parmi lesquels :  

• Un plus grand respect du bien-être animal, notamment car la mutilation des agneaux n’est plus nécessaire.
• Des taux de survie plus élevés, et globalement, des moutons plus sains et résistants.
• Une conversion de l’aliment plus efficace, ce qui est bon pour le portefeuille des éleveurs et l’environnement.

Il n'y a enfin pas d’inconvénients en termes de quantité ou de qualité de la laine. Les moutons sans excès de peau ont certes moins de surface pour faire pousser la laine, mais celle-ci pousse plus vite, elle est plus longue et tout aussi fine. Les éleveurs continuent donc d’avoir accès aux marchés premium de la laine. Écoutez les producteurs eux-mêmes expliquer comment ce changement a eu un impact positif sur leur entreprise.

QUATRE PATTES a pu échanger avec de nombreux producteurs australiens, qui nous ont fait part des freins à l’adoption des alternatives à la mutilation des agneaux. Lors d’un entretien avec Don Mudford, un producteur de laine australien, celui-ci nous confiait que : " La plupart des organisations de l'industrie de l'élevage ovin [en Australie] sont favorable au mulesing et ne facilitent pas la libre circulation de l'information. " Selon lui : " Les marques doivent encourager les éleveurs à arrêter le mulesing et afficher leurs préoccupations […], car les éleveurs ne reçoivent pas toujours l'information. " Par conséquent, nous avons besoin de vous pour diffuser notre message et encourager les marques de mode à exclure la mutilation des agneaux de leurs chaînes d'approvisionnement. 

L'élevage ovin a des racines profondes en Australie, où les pratiques sont transmises de génération en génération. La mutilation des agneaux est vécue comme une tradition : elle n’est pas questionnée car pratiquée depuis longtemps. Il y a ainsi des difficultés à faire évoluer les mentalités de certains producteurs, car selon eux : " on a toujours fait comme ça. " 

Néanmoins, environ la moitié des producteurs de laine australiens ont fait le choix d’arrêter la mutilation des agneaux et d’adopter des techniques d'élevage modernes, qui privilégient le bien-être animal. Ceci montre que le changement est possible, mais il ne se produit pas assez vite. Nous devons faire campagne auprès des marques de mode, des producteurs de laine et des décideurs politiques, sinon, au rythme de transition actuel, la mutilation des agneaux pourrait se poursuivre pendant encore 30 ans.  

Il y a vingt ans, en 2004, les principales organisations de l'industrie ovine australienne se sont engagées à mettre fin à la mutilation des agneaux d'ici 2010. Dans l’incapacité de tenir cette échéance en raison des trop faibles moyens mise en, ils ont rompu cet engagement en 2009. Encore aujourd'hui, la mutilation des agneaux est largement pratiquée en Australie. 

Si l’industrie lainière australienne avait tenu sa promesse d’en finir avec la mutilation des agneaux en 2010, environ 140 millions d'agneaux n’auraient pas eu à subir cette mutilation. 

Plus de 300 entreprises de mode à travers le monde s’approvisionnent en laine sans mutilation des agneaux ou ont pris des engagements forts pour bannir cette pratique de leur chaîne d’approvisionnement.  

Ces entreprises collaborent avec leurs partenaires de la chaîne d'approvisionnement pour bannir la mutilation des agneaux de leur produits contenant de la laine. Leurs engagements publics montrent à l’industrie ovine australienne que cette pratique n’est plus acceptable, et que des transformations sont nécessaires pour répondre à la demande de leurs clients. De plus, certaines marques ont signé la lettre d’engagement des marques, une initiative du réseau QUATRE PATTES, adressée à l'industrie et au gouvernement australien pour leur demander d’interdire la mutilation des agneaux d'ici 2030. 

QUATRE PATTES et son réseau ont lancé la campagne " Portez leur voix " pour demander à l’industrie lainière australienne de mettre un terme à la mutilation des agneaux (mulesing) d’ici 2030, et de tenir enfin l’engagement qu’ils avaient pris en 2004 d’en finir avec cette pratique cruelle. La campagne a pour objectif d’informer et sensibiliser largement sur la cruauté de cette pratique, qui persiste malgré l’existence de solutions viables et fiables.  

Les agneaux comme Sunny ont besoin de votre voix pour demander aux marques de mode, à l'industrie de la laine et aux politiques en Australie d’agir pour mettre fin à cette pratique. En diffusant le message autour de vous, vous envoyez un message fort aux marques de la mode et aux éleveurs et politiques australiens. Vous nous aider à porter la voix des agneaux qui souffrent terriblement, mais qui ne peuvent se pas faire entendre. L’industrie a tout intérêt à ce que la souffrance des agneaux reste cachée, dévoilons-la au grand jour !   

Quand la mutilation des agneaux ne sera plus un sujet obscur et ignoré mais une pratique connue de toutes et tous, nous pourrons nous assurer que les agneaux comme Sunny ne soient plus soumis à cette pratique cruelle et dépassée.