FAQ sur le transport des animaux vivants
Ce qu'il faut savoir
Pourquoi les animaux sont-ils transportés sur de longues distances ?
Les animaux sont transportés sur de longues distances pour des raisons économiques :
- La production intensive d'animaux de ferme a entraîné une spécialisation dans l'élevage et l'engraissement ensuite. Volailles, porcs, bovins, ovins et caprins sont donc transportés sur de longues distances depuis les fermes d'élevage jusqu’aux fermes d'engraissement puis à l'abattoir.
- La centralisation des abattoirs dans l'objectif de minimiser les coûts de production ont également entraîné l’augmentation des distances pour le transport des animaux destinés à l'abattage. Par exemple, les poules pondeuses sont tuées dans les pays où l'abattage est le moins cher et non dans le pays dont elles sont originaires.
- Le commerce d'animaux vivants est très lucratif pour les entreprises. Les transports sur de longues distances vers des pays tiers est très rentable pour certains élevages et entreprises qui exportent des animaux sur de très longues distances (jusqu’à 300 heures de transport).
- Un grand nombre des animaux exportés sont des génisses, marquées comme "animaux de reproduction". Enceintes au moment du transport, elles mettent bas dans le pays de destination pour être ensuite traites puis abattues.
- D'autres animaux sont vendus pour être tués immédiatement, ils sont abattus sans étourdissement dans la plupart des pays tiers importateurs. Leurs yeux sont crevés, les tendons de leurs pattes sont coupés puis ils sont suspendus par les pattes avant d’avoir la gorge tranchée par un couteau (la saignée peut durer jusqu'à 30 minutes).
Pourquoi les animaux sont-ils transportés vivants ?
Les pays importateurs tirent profit des peaux, du lait, des veaux ainsi que de la viande et certains pays prétendent vouloir constituer leur propre cheptel. En réalité, aucune population d'élevage stable n'a été constituée dans ces pays à ce jour, bien que ce commerce ait lieu depuis des décennies.
De nombreux animaux sont abattus peu après leur arrivée, en partie car les ressources alimentaires ne sont pas disponibles dans la plupart des pays. Les vaches à haut rendement qui sont importées de l'UE ont besoin de grandes quantités d'eau et de nourriture pour rester en bonne santé. Ces ressources n’étant souvent pas disponibles dans les pays tiers importateurs, les vaches sont alors abattues peu de temps après leur arrivée.
Où sont transportés ces animaux ?
Le commerce d'animaux vivants est un phénomène mondial et l'UE est le plus grand exportateur d'animaux vivants.
Certains pays pionniers ont déjà interdit ou envisagent d'interdire certains types d'exportations, comme la Nouvelle-Zélande qui a récemment interdit le transport d'animaux reproducteurs ou le Royaume-Uni qui étudie l’interdiction de l’exportation de certains animaux.
Il est urgent de revoir la législation pour protéger les animaux dans l'Union européenne. L'Allemagne, les Pays-Bas et le Luxembourg ont récemment demandé l'interdiction du transport d’animaux sur de longues distances. Le but des nouvelles lois serait d’interdire les exportations maritimes ou routières d'animaux vivants.
De quels animaux parle-t-on et combien sont-ils ?
Chaque année, ce sont plus de 1,3 milliard de volailles et plus de 44 millions de bovins, porcs, moutons, chèvres et chevaux qui sont transportés dans l'UE et environ 200 millions de volailles et 4,5 millions de bovins, porcs, moutons, chèvres et chevaux qui sont transportés vers des pays tiers1.
En 2021, Eurogroup for Animals a publié un livre blanc sur le transport des animaux vivants présentant les chiffres suivants :
" La volaille est l'espèce d'élevage la plus commercialisée (98 % des exportations totales). En 2019, les principaux exportateurs de l'UE étaient la Pologne (avec 61 922 019), la Hongrie (35 592 697), les Pays-Bas (29 806 473) et la France (25 399 220).
Parmi les mammifères, les ovins (moutons) sont les animaux les plus exportés (3 117 585), suivis par les bovins (1 018 060) et les porcs (369 347).
Pour les bovins, le marché de l'exportation est dominé par l'Espagne (193 092), la Roumanie (141 924), la France (124 182) et la Hongrie (91 966). Pour les porcs, le principal exportateur de l'UE est la Croatie (124 410), suivie par la Grèce (92 140), l'Allemagne (71 474) puis la Bulgarie (31 814).
Les principaux partenaires commerciaux de l'UE sont l'Ukraine, qui a importé 84 590 184 animaux d'élevage de l'UE en 2019, suivie par la Biélorussie, le Ghana, l'Égypte, le Maroc et l'Albanie. Ces pays sont les principaux importateurs de volailles et font également partie des premiers partenaires commerciaux de l'UE dans sa globalité, vu l’importance de ce commerce dans les statistiques. Toutefois, si l'on examine les données relatives aux exportations de mammifères uniquement, les principaux partenaires commerciaux de l'UE sont la Libye (qui a importé de l'UE 1 105 445 ovins, bovins et porcs en 2019), la Jordanie, Israël, l'Arabie saoudite, le Liban et la Turquie. "
Pourquoi tant de veaux exportés ?
Des centaines de milliers de veaux sont transportés chaque année sur de longues distances.
Les veaux mâles n'ont aucune valeur pour l'industrie laitière. En effet, les races laitières modernes ont été développées pour leur production de lait. Pour produire ce lait, la vache doit donner naissance à un veau et pour être rentable, elle est inséminée chaque année. Les veaux mâles destinés à la consommation ne prennent que peu de poids lorsqu’ils sont engraissés et produisent donc très peu de viande. Ces veaux, ainsi que certains veaux femelles qui ne sont pas utilisées pour la reproduction dans l'exploitation laitière, sont vendus. Ils sont ensuite transportés à l'étranger : aux Pays-Bas, en Belgique, en France, en Espagne ou en Italie, qui sont des pays spécialisés dans l'engraissement des veaux. Les veaux acheminés vers l'Espagne et l'Italie souffrent terriblement pendant le transport. Âgés de seulement 2 semaines, ils souffrent de la faim et de la soif.
Il n'est malheureusement pas possible de leur donner du lait dans les camions, il est même difficile de les approvisionner correctement en eau car les camions ne sont pas équipés pour les jeunes animaux. La loi autorise le transport de veaux jusqu’à 19 heures d’affilée, mais les animaux sont souvent amenés aux centres de rassemblement avant le transport et sont donc affamés. De nombreux veaux tombent malades après cette longue épreuve, beaucoup meurent pendant et surtout dans les jours qui suivent ces voyages de l’enfer. En Espagne, les veaux sont engraissés à leur arrivée et parfois renvoyés pour un autre voyage infernal vers des pays tiers tels que le Maroc où ils seront abattus de manière extrêmement cruelle.
Combien de temps les animaux peuvent-ils être transportés ?
La durée du transport d’animaux peut aller jusqu'à 300 heures. La législation européenne sur les transports (1/2005) définit clairement les transports sur une " longue distance ". Tout transport d'une durée supérieure à 8 heures est considéré comme un transport sur une longue distance et ceux-ci peuvent durer des jours, voire des semaines. Les bovins peuvent être transportés pendant 29 heures d'affilée (avec une heure d’arrêt), tandis que les porcs peuvent être transportés pendant 24 heures en continu. Après 24 heures de repos, ce cycle peut être répété, aboutissant à des transports pouvant durer plusieurs jours. Le transport maritime n’étant assujetti à aucune limite dans le temps, ces longs voyages peuvent donc durer des semaines.
Pourquoi les animaux souffrent pendant ces longs trajets ?
Chaque voyage est synonyme de peur et de stress pour les animaux et plus le voyage est long, plus les animaux souffrent. C’est particulièrement vrai pour les transports sur de longues distances, nombreux sont ceux qui meurent à cause de la chaleur et du manque d'eau. Les volailles, les porcs et les jeunes animaux non sevrés sont les premiers à mourir pendant le transport.
Les tragédies des navires Elbeik et Karim Allah ont montré que suite au refus d’amarrer par les pays d'accueil, des animaux sont restés bloqués en Méditerranée pendant trois mois. Près de 200 animaux sont morts en mer et tous les autres (plus de 2000 bovins) ont été tués lors de l'ancrage dans le port espagnol. Il est impossible de renvoyer les animaux exportés dans leur pays d’origine alors que les pays destinataires ont le droit de refuser ces animaux sur leur territoire.
Au cours de l'été 2019, 70 000 moutons ont été envoyés par bateau depuis la Roumanie vers le golfe Persique, exposés sur un pont à une chaleur dépassant les 60°C. Et ce, malgré la législation de l'UE interdisant le transport d'animaux lorsque les températures dépassent 30°C. Ces animaux ont été cuits vivants sous des températures caniculaires à bord de navires bondés et ont mis plus de 8 jours à atteindre leur destination.
Combien d'accidents sur les navires et dans les camions de transport ?
Chaque année, de nombreux accidents routiers et maritimes entraînant la mort de milliers d'animaux sont répertoriés par des ONG et font la Une des actualités. Il n’y a malheureusement aucune statistique répertoriant ces tragédies à ce jour.
Quel est le lien entre les produits laitiers et le transport d'animaux vivants ?
Voir la question ci-dessus (" Pourquoi tant de veaux sont-ils exportés ? ")
Qu’en est-il des contrôles pour le transport d'animaux vivants ?
L’application de la législation actuelle n'est pas rigoureuse et les transports d'animaux vivants ne sont que très peu contrôlés. En plus du manque flagrant de vérifications lors des transports routiers, aviaires ou maritimes, les animaux perdent toute protection au moment où ils quittent l’UE. Arrivés dans les pays tiers, il n’y a plus aucun contrôle vétérinaire ni de communication sur les conditions de transport ou le nombre d’animaux arrivés à destination. C'est pourquoi QUATRE PATTES demande l'interdiction des transports d'animaux vivants vers les pays tiers.
Existe-t-il une limite de température pour les transports routiers et maritimes d'animaux vivants ?
En ce qui concerne les transports routiers : les températures ne peuvent être supérieures à 30°C ou inférieures à 5°C dans le véhicule de transport et cette règle est valable pour la totalité du trajet. Elle est cependant très souvent ignorée car les véhicules ne sont pas équipés de système de climatisation, il est donc impossible de garantir que la température extérieure est plus basse qu’à l’intérieur du camion. Il arrive régulièrement que la durée des transports dépassent largement les limites autorisées car les contrôles effectués sont bâclés par les autorités. Tout transport sur de longues distances doit être approuvé en amont, mais certains trajets sont approuvés en dépit de leur non-conformité en raison de la négligence des autorités.
Les transports maritimes vont de pair avec le transport routier : les animaux sont inévitablement acheminés par camion vers les ports puis vers leur destination finale. Malgré l’humidité et la chaleur étouffantes, une fois chargés, les animaux ne peuvent quitter le navire que lorsqu’ils arrivent à destination.
Existe-t-il une durée limite pour le transport des animaux par camion ou par bateau ?
Pour les bovins, une période de repos de 24 heures est obligatoire après un transport de 29 heures. Les porcs se reposent pendant 24 heures après un transport de 24 heures et le transport des volailles et des lapins est limité à 12 heures, les animaux doivent ensuite attendre à l'abattoir pendant encore 12 heures.
QUATRE PATTES demande une durée de transport maximale de 8 heures pour les bovins, les porcs, les moutons et les chèvres, de 4 heures pour les volailles et les lapins et souhaite interdire le transport des animaux non sevrés, qui dépendent encore de leur mère pour se nourrir.
Est-il vrai que de nombreux animaux meurent pendant le voyage ?
De nombreux bovins, volailles ou porcs meurent lors des transports en raison des températures extrêmes ou des maladies. Pendant un transport en mer, de nombreux animaux peuvent être jetés par-dessus bord : c'est arrivé en 2021 avec près de 200 animaux sur les navires Elbeik et Karim Allah. Certains animaux meurent également dans les jours suivant le transport, comme les animaux non sevrés qui sont particulièrement sensibles aux maladies car ils n’ont pas assez d’anticorps pendant les premières semaines de leur vie. D’autres encore, meurent de soif et d'épuisement, de diarrhée et/ou d'infections, pendant et après le voyage.
Quelles sont nos actions pour mettre fin à cette pratique ?
Nos demandes concernent principalement l’interdiction : des transports sur de longues distances, des exportations routières ou maritimes vers les pays tiers et le transport d'animaux non sevrés. Nous demandons une durée de transport maximale de 4 heures pour les volailles et les lapins et de 8 heures pour les animaux adultes, ainsi que des limitations de température adaptées à chaque espèce.
Au niveau européen, QUATRE PATTES prend la parole lors des auditions concernant le transport des animaux au sein de l'UE et des campagnes sont également menées au niveau national. En Allemagne, QUATRE PATTES a déposé 21 plaintes suite aux autorisations régulières de transports vers des pays tiers par les autorités compétentes alors qu’ils ne respectent pas les critères de la loi. Plusieurs États fédéraux allemands ont donc cessé d'approuver les transports vers des pays tiers et nos équipes en Bulgarie et en Autriche mènent également des campagnes locales pour faire pression en faveur d'une législation plus stricte.
Nos victoires contre le transport des animaux vivants :
Au cours de l'été 2020, la majorité des États fédéraux ont cessé d'approuver les exportations d'animaux vivants vers des pays tiers, en raison de la pression exercée par l'opinion publique à la suite de nos actions en justice.
En Europe, nous avons obtenu la création d'un comité d'enquête en charge d’étudier les difficultés rencontrées lors de l’application des lois et qui rédigera des recommandations pour la révision de la législation sur le transport. En juin 2021, les Pays-Bas, le Luxembourg et l'Allemagne ont demandé l'interdiction des transports vers les pays tiers.
Quelles sont les alternatives aux transports des animaux vivants ?
- Opter pour un commerce de viandes ou de substituts avec les pays tiers et non d’animaux vivants ;
- Privilégier l'agriculture, l'élevage et l'abattage au niveau local ;
- Décentraliser les fermes et les abattoirs ;
- Réduire le nombre d'animaux d’élevage ;
- Changer nos habitudes alimentaires : en réduisant notre consommation de produits laitiers, d'œufs et de viande, nous diminuerons ainsi le nombre d’animaux élevés et transportés dans ce commerce
Comment puis-je agir à mon niveau ?
En adaptant nos modes de vie, nous pouvons aider les animaux : par exemple en se dirigeant vers des alternatives végétales.
Vous pouvez aussi nous soutenir en signant notre pétition pour interdire le transport d’animaux vivants et en partageant nos publications sur les réseaux sociaux.
Mon alimentation a-t-elle une conséquence sur le transport des animaux vivants ?
En réduisant notre consommation de produits d’origine animale, nous réduisons également le nombre d’animaux élevés, transportés et abattus.
Nous recommandons le principe des 3R : réduire, raffiner, remplacer :
Réduire sa consommation de viande et d'autres produits d'origine animale ;
Raffiner son régime alimentaire en choisissant des produits certifiés, répondant à des normes élevées en matière de bien-être animal ;
Remplacer les produits d'origine animale par des alternatives végétales.
Que puis-je faire si je suis témoin d’un animal en souffrance lors d’un transport ?
Que le véhicule soit stationné ou non, vous devez communiquez le numéro de la plaque d'immatriculation et la localisation du véhicule à la police. Vous pouvez également les contacter dans le cas où le véhicule est chargé d’animaux morts ou blessés et s’ils n’ont pas d’accès facile à une source d’eau. Si le véhicule de transport est vu sur l'autoroute ou sur une aire de repos, il est préférable d'appeler immédiatement les autorités compétentes. Le numéro de téléphone peut être trouvé sur Internet en recherchant le terme " police routière " avec la localité concernée.